La goutte d’Or
Le quartier de la Goutte d’Or, dont le nom viendrait de la couleur du vin blanc que ses vignes produisaient, appartenait à la commune de La Chapelle jusqu’au rattachement partiel de cette dernière à Paris par la loi du 16 juin 1859. C’est un des derniers bastions populaires de la capitale, mais en gentrification progressive. Il a été chanté par Aristide Bruant dans sa chanson À la goutte d’Or ainsi que par François Hadji Lazaro dans une chanson du même nom. Dans L’Assommoir, Émile Zola situe l’action au cœur de la Goutte-d’Or, et en fait un espace fermé dont il semble impossible de s’échapper — l’alcoolisme sert alors de toile de fond — en insistant sur la détresse et la misère des habitants de ce quartier au xixe siècle. Alain Bashung, qui habitait la Villa Poissonnière, a, de son vivant, beaucoup œuvré pour les associations du quartier.
La Goutte-d’Or est célèbre pour ses ambiances typiques particulières. Au sortir du métro Château Rouge, « l’exotisme » du marché Dejean attire de nombreux Parisiens et touristes à la recherche de produits frais exotiques et autres épices, venus pour la plupart d’Afrique. Cependant certaines « nuisances » subsistent : station de métro continuellement saturée, camions de livraison bloquant les rues étroites, mono-activité, problèmes sanitaires, vente à la sauvette et de produits de contrefaçon ont fait naître un rejet de certain des habitants du quartier pour ce dernier. Pour répondre à cela, la mairie du 18e promeut un projet de marché des cinq continents porte d’Aubervilliers.
Barbés
Le quartier est aussi réputé pour le marché Barbès, en dessous du métro aérien. À peu près au centre du quartier, du boulevard Barbès à la rue Marx-Dormoy, la rue Doudeauville est certainement la plus commerçante et la plus animée jusque tard le soir. Enfin, de nombreux festivals et repas sont organisés afin de réunir la population très hétéroclite et tenter de maintenir une cohésion sociale fragilisée par une insécurité sporadique : petite délinquance, vol à la sauvette, nuisances sonores, trafic de drogue, contrebande de cigarette, toxicomanie, prostitution. Le quartier est d’ailleurs classé en Zone Urbaine Sensible (ZUS)6.
Face à la vétusté des logements, un vaste plan de réhabilitation du quartier a débuté en 1983 avec la destruction de plus de 100 immeubles à ce jour, pour plus de 800 logements (et non immeubles) sociaux bâtis à ce jour. Ce qui fait du quartier, la plus forte concentration en logements sociaux de l’arrondissement et contraste fortement avec le quartier voisin de la Butte Montmartre dont l’offre en HLM est nettement plus réduite. Le tissu urbain présente donc une forte hétérogénéité d’architecture qui mêle immeubles en pierre de taille haussmannienne, en pierre de Paris, de style « art déco » et ensembles HLM Le mouvement de rénovation/réhabilitation, déjà bien avancé, est toujours en cours7.
Un embourgeoisement continu
Pourtant, depuis les années 2000, comme de nombreux secteurs populaires du nord et de l’est de Paris, le quartier de la Goutte-d’Or s’embourgeoise peu à peu. Certains secteurs ont connu ces dernières années un embourgeoisement assez important et beaucoup plus marqué : la place de l’Assommoir, la Villa Poissonnière, le pourtour de l’église et du square Saint Bernard, les rues Polonceau et Saint Luc qui longent les parties Sud et Est du square Léon ainsi que de nombreux immeubles du Boulevard Barbès, de la Rue de La Goutte d’Or et de la Rue Doudeauville. Dans son ensemble, le quartier est ainsi l’objet d’une hausse continue des prix de l’immobilier (+ 144 % sur la période 2002-2007), la demande étant largement supérieure à l’offre. Le quartier se transforme sous l’effet de nombreux ravalements de façades d’immeubles de style haussmannien notamment autour de l’église Saint-Bernard, d’une réhabilitation des logements à marche forcée, d’un réaménagement du boulevard Barbès d’une requalification de la rue Doudeauville, etc. Le quartier prend peu à peu une ambiance villageoise de plus en plus appréciée, d’autant plus que les prix de l’immobilier restent très attractifs pour un quartier parisien aussi animé et bien desservi par les transports.
Sociologie de la goutte d’or
Au printemps 2015, le prix moyen au m² s’établit à environ 6 234 € pour une moyenne de 7 153 € pour le 18e arrondissement (source Meilleurs Agents). Le quartier est désormais plus cher que les quartiers voisins de La Chapelle/Marx Dormoy et Amiraux/Simplon.
De nouveaux équipements ont été inaugurés dans le quartier, qui participent à ces changements. Au 64 de la rue Doudeauville se trouve une annexe de la célèbre maison de ventes aux enchères, Drouot. Le Centre musical Fleury Goutte d’Or-Barbara, équipement culturel et public financé par la Mairie de Paris, a ouvert ses portes en février 2008. Il accueille des artistes-musiciens en voie de professionnalisation ainsi que de nombreuses associations du quartier développant des activités autour des musiques actuelles. D’autres projets culturels sont en cours comme le futur Institut des cultures d’Islam (ICI), rue Polonceau, dont les aménagements culturels et cultuels prévus ne sont pas sans rappeler la Grande Mosquée de Paris dans le 5e arrondissement. On peut aussi citer la réouverture du Louxor-Palais du cinéma (néanmoins situé dans le 10e arrondissement, de l’autre côté du boulevard de la Chapelle), racheté par la Mairie de Paris pour rénovation, face au métro Barbès-Rochechouart. En 2014, ce cinéma mythique a attiré plus de 260 000 spectateurs, pour un objectif initial de 180 000 entrées. Le nombre d’entrées réalisées est donc supérieur de 40 % aux attentes15.
Au printemps 2012, le quartier voit l’aménagement d’un nouvel espace vert, le square Alain-Bashung, au niveau du 16 de la rue de Jessaint. La rue des Gardes (surnommée « Rue de la Mode ») a vu l’installation de plusieurs boutiques de créateurs sous la direction de la Mairie de Paris17. En 2014, la librairie Gibert Joseph ouvre son 3e point de vente parisien, en lieu et place de l’ancien Virgin Mégastore.
Brasserie Barbès
Enfin au printemps 2015, a ouvert la « Brasserie Barbès » dans l’ancien bâtiment rénové de Vano, face à la station aérienne du métro Barbès-Rochechouart. Le quartier renoue progressivement avec son passé, quand il était alors peuplé de nombreuses brasseries, restaurants et grands magasins
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