ICI/APRES

Here & Then (Ici/Après)

Here & Then (Ici et Alors) est un projet personnel que j’ai commencé en 2020, une année qui a semblé être une erreur dans la matrice, où le temps s’étirait et se comprimait en même temps. Les jours se sont mélangés, tandis que des mois entiers ont disparu en un instant. La moitié de la planète était en confinement, et on avait l’impression d’avoir sauté de mars à mai, comme si une erreur avait réécrit nos lignes temporelles. Nous attendions un monde nouveau, un redémarrage, un renouveau. Pourtant, nous nous sommes retrouvés à perpétuer les mêmes schémas, avançant mais étrangement attachés à ce qui nous précédait.

Ce projet explore la dualité du temps et de la présence, ce sentiment d’être à la fois dans deux endroits à la fois — tant physiquement qu’émotionnellement. À travers cette série photographique, je capture des moments qui se superposent, où le passé et le présent coexistent dans un seul cadre. Nos ombres persistent, les échos de ce qui était et ce qui est se mêlent. Nous résonnons comme un écho, comme si le temps lui-même vibrait à travers nous. Le paradoxe de l’être — exister à la fois ici et après, simultanément — est omniprésent. Pouvons-nous vraiment laisser le passé derrière nous, ou ne faisons-nous que se superposer, couche après couche ?

Ubiquité

Ces images révèlent cette contradiction silencieuse du temps : occuper le même espace sans jamais vraiment se rencontrer. Nos anciens soi(s) flottent en arrière-plan, des empreintes fantomatiques de ce que nous étions, tandis que nos soi(s) présents continuent d’avancer, toujours en mouvement, mais jamais véritablement séparés. Il s’agit d’une exploration visuelle de la mémoire et de la présence, des moments qui persistent même lorsque nous évoluons.

Mais même en nous adaptant, nous restons liés, toujours piégés dans un cadre, enfermés dans les frontières du temps, comme si nous étions figés dans un carré. Chaque photographie capture cet enchevêtrement étrange, où nous sommes à la fois en mouvement et immobiles, familiers mais distants. L’ubiquité de notre passé est toujours présente, tissée dans le tissu de notre présent, rendant impossible de s’en échapper vraiment. Le passé persiste, non pas comme quelque chose derrière nous, mais comme quelque chose que nous portons avec nous, à chaque pas.

Cinq ans plus tard, je me retrouve ici, ou peut-être après, à publier ces souvenirs du passé. Les images restent, figées mais fluides, des rappels que, même en avançant, nous restons toujours liés aux moments qui nous ont façonnés. À travers ce projet, j’invite à se questionner sur notre relation au temps. Sommes-nous notre passé, continuons-nous à exister dans notre écho ?