Avec Virginie, nous avions d’abord suivi différents cours de yoga, je me rappelle surtout avoir essayé un cours de Hot Yoga. Ce fût la première et dernière fois pour nous… Nous étions sorties de là épuisées, en sueur à cause de la chaleur dans la salle et absolument insatisfaites de ce cours. L’effort était trop intense pour nous, il nous fallait plus de douceur. Mais parmi les autres professeurs, il y avait cette professeure de Hatha Yoga que nous aimions beaucoup. Ce fût ma première enseignante de yoga et je pense que je lui dois beaucoup. Elle était extrêmement douce et patiente, ce qui était plus que nécessaire avec nous car nous ne comprenions à l’époque pas tout le chinois qui était échangé pendant le cours.

Le Hatha nous a permis de commencer par le commencement : la respiration, la présence, le lâcher-prise et ainsi la connexion du corps à l’esprit. Nous avons surtout passé des heures à travailler notre souplesse, ce dont j’avais grand besoin ! Je me souviens d’avoir beaucoup ri pendant ses cours. Surtout lorsqu’il fallait se mettre dans une posture à la fois inconnue et difficile, alors que les mamies chinoises dernière nous faisant ça avant la plus grande des facilités. Le Hatha Yoga était parfait pour nous !

À mon retour en Europe, ma pratique a connu des hauts et des bas. Pendant plusieurs semaines, je n’ai pas du tout pratiqué. Je ne savais plus très bien comment faire sans professeur, et les cours des studios bruxellois était hors de prix pour moi. Puis, j’ai commencé à chercher des vidéos de yoga sur YouTube. Je suis tombée sur une chaîne qui a vite constitué la base,  voire l’essentiel, de ma pratique pendant de nombreux mois (yogawithadriene). Je m’en tenais à cette époque à quelques pratiques par semaine. Des fois 2 par semaine, des fois 4, des fois je pouvais pratiquer pendant un mois complet puis plus rien pendant le mois suivant. Ma pratique était loin d’être régulière… mais elle était néanmoins en progression. Petit à petit, je commença à pratiquer de plus en plus. Je pense aussi que c’est pendant cette période là que ma pratique du yoga a dépassé l’aspect physique. Je commençais à comprendre que pratiquer le yoga ne signifiait pas juste enchaîner un nombre de postures mais se trouver soi-même et à agir pour son propre bien et celui des autres. Oui, je sais tout ça sonne très hippy mais je pense que chacun peut interpréter et appliquer les valeurs transmises par le yoga à sa manière. A cette époque, ma pratique commença à se développer autour des événement de ma vie. En période de doute, mon besoin de bouger mon corps et mon esprit était plus important. En période de contentement, je trouvais peu de temps pour pratiquer. C’est aussi à cette période que je commença à m’intéresser à la méditation. Même aujourd’hui, la méditation reste pour moi  l’exercice le plus difficile ! Faire abstraction du monde extérieur, se vider la tête de toute pensée et choisir de se concentrer sur un élément unique relevait de l’impossible pour quelqu’un comme moi qui avait l’habitude d’effectuer trois tâches à la fois. Heureusement le yoga m’avais déjà appris les bases de la discipline et de la concentration que requiert la méditation.

Puis, je repartis vivre en Chine pour une deuxième fois. Quelques semaines après mon emménagement et mon absence de pratique, je décidais de m’acheter un tapis de yoga sur internet et je repris ma pratique habituelle. Un an plus tard, un autre ami me guida une nouvelle fois vers des cours de yoga dans une salle près de notre université. Il me parla des cours de yoga dispensés et auxquels il assistait. Encore aujourd’hui, je considère toujours Stefan comme mon principal “yoga buddy” car il est sans aucun doute la personne avec qui j’ai le plus pratiqué et discuté de yoga dans ma vie (en dehors de mes enseignants). Pendant plusieurs mois, je me suis rendue régulièrement aux cours,  2 ou 3 fois par semaine, tout en continuant ma propre pratique les autres jours. Dans la salle qui nous était consacrée n’était en fait pas du tout adaptée au yoga, mais ça n’avait pas grande importance. Je suivais les cours de 2 professeures, la première ne donnait pas les meilleurs cours mais j’aimais quand même suivre son enseignement. Mais la deuxième enseignante était génial ! Elle était hyper dynamique et ses séquences nous poussaient au bout de nous même. De temps à autre, elle incorporait des postures qu’elle savait difficiles pour certains d’entre nous mais elle nous poussait à tenter la posture, et parfois nos efforts payaient (pas toujours). Cette prof m’a donné envie de me tourner vers des styles de yoga plus dynamiques et d’essayer des postures que je pensais encore inaccessibles.

Puis, je suis rentrée en France. En m’installant à Paris, je pris la décision de continuer à prendre des cours dans un studio parce que je sentais que c’était avec l’aide d’un professeur que je progressais le mieux. Et je voulais en même temps me consacrer à un style de yoga. Après plusieurs recherches, je découvris l’ Ashtanga, un yoga très dynamique avec une séquence prédéfinie dont l’enchaînement s’opère toujours dans le même ordre. Je trouva rapidement un studio de yoga spécialisé dans l’Ashtanga. N’ayant jamais appris le séquence de la première série, je commença par le commencement : les cours débutants. Par contre, je me retrouva à apprendre le yoga en français pour la première fois de ma vie, jusqu’ici les cours que j’avais suivi était en anglais ou en chinois. Je découvris les noms des postures et des muscles du corps en français en même temps que l’Ashtanga. Mon premier cours d’Ashtanga fut une toute nouvelle expérience pour moi, je n’avais avant ça jamais pratiqué de yoga autant porté sur la tradition. En sortant de ce cours, je sentis que l’Ashtanga était fait pour moi. Pendant un peu plus d’un an, je me rendais une ou deux fois par semaine au studio Ashtanga Yoga Paris. J’appris petit à petit des éléments de la première séquence. Et lorsque je ne me rendais pas au studio, je continuai de pratiquer chez moi des styles divers de yoga, idéalement tous les jours, une ou deux heures.

Mais à force d’intensifier graduellement mon temps de pratique, le besoin de pousser plus loin ma pratique se fit ressentir. Et, il y a quelques mois, une de mes professeures de yoga m’a convaincu d’essayer le style Mysore, un dérivé de l’Ashtanga. Le Mysore requiert beaucoup de discipline et surtout de motivation car il faut se lever très tôt (parfois avant 6h). À Ashtanga Yoga Paris, le mantra d’ouverture est à 7h, mais chacun arrive à son rythme et commence sa séquence d’Ashtanga, en s’arrêtant à la dernière posture apprise. Par contre, le professeur n’est pas là pour le guider le cours mais pour offrir une aide plus individuelle aux pratiquants. Sans un mot, afin de ne pas déranger la pratique des autres, chacun vient poser son tapis dans la salle, les uns à côté des autres, effectuant les mêmes postures mais avec des variations différentes. Nos morphologies, nos faiblesses et forces sont tous différents. Notre pratique ne peut donc être la même, et le Mysore permet d’adapter et de modifier certaines postures avec l’aide du professeur. Mais surtout, la salle est baignée d’une énergie très particulière. Le son de la respiration contrôlée des pratiquants, la chaleur baignant la pièce, le calme et la concentration de chacun sont devenus une nécessité me permettre de réveiller mon corps et mon esprit le matin. Aujourd’hui, ma pratique s’est incroyable intensifiée, mais surtout j’ai énormément progressé ces 6 derniers mois. Maintenant, je pratique 6 fois par semaine, du dimanche au vendredi, comme le veut la tradition et ma pratique me prend 2h30 en moyenne. La force et la souplesse acquises ses derniers mois m’ont permises de me surpasser physiquement et mentalement. Pour beaucoup de pratiquants, l’Ashtanga peut sembler ennuyeux à cause de sa rigueur et de sa répétitivité. Mais pour les ashtangis, c’est justement cette répétitivité et cette rigueur qui nous permettent de nous situer dans notre pratique et de progresser. Comme dans l’enseignement d’une langue, l’apprentissage se fait en spirale, chaque posture nous prépare à une autre posture qui sera introduite par un de nos professeurs lorsque notre corps sera prêt. Cette méditation en mouvement qu’est l’Asthanga est devenue indispensable à ma vie.

Mon apprentissage du yoga a été et est toujours un processus lent. J’ai commencé par prendre mon temps et  découvrir le yoga à mon rythme. J’avais besoin de faire ce voyage seule, sans l’influence de personne. J’ai encore aujourd’hui toujours l’impression d’être une hippie lorsque je parle du yoga, mais après tout est-ce qu’on ne cherche pas tous finalement le bonheur et l’accomplissement de soi au travers des épreuves de la vie ? Pour moi, le yoga est une parfaite métaphore de ce qu’est ma vie et de ce que je souhaite accomplir. Ma pratique est une constante. Peu importe comment je me sens, peu importe l’état de ma vie ou de mon cœur, je pratique.